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Architecture et éducation, faire de l’école un lieu de plaisir – Louise Michaud

Quel peut bien être le lien entre architecture des espaces éducatifs et plaisir d’apprendre et d’enseigner ? Ou entre pratiques pédagogiques et aménagement d’une classe ?

Chaque pédagogie promeut un aménagement de l’espace spécifique, soutenant ses modes d’enseignement spécifiques. L’exemple le plus connu est celui de la pédagogie Montessori, où l’aménagement, le mobilier, leur agencement est codifié et correspond à la fois à des activités précises et à des justifications pédagogiques.

Ainsi très tôt, et notamment lors de la construction des écoles publiques de la IIIème République, à la fin du XIXème siècle, architectes et pédagogues agencèrent l’espace afin d’étayer des modes de fonctionnement, ou des croyances : dans toutes les classes les fenêtres étaient disposées à gauche puisque l’on pensait que tous les enfants devaient être droitiers, et ainsi aucune ombre de la main n’était portée sur le cahier.

Aujourd’hui, de nombreux enseignants pratiquant leur métier dans des écoles publiques tendent à s’approprier l’aménagement de leur classe, la disposition des tables en « autobus », l’estrade ou la présence d’un seul tableau ne correspondant pas à leur façon d’enseigner. Le mouvement du « flexible seating » ou de la classe flexible en français, est un concept importé d’Amérique du Nord et dont les premières applications apparaissent en France dans les années 2010. La classe flexible, c’est l’idée de soutenir le besoin de mouvement de l’enfant dans ses apprentissages, si ce n’est l’encourager. Ainsi nous voyons apparaître dans les classes du mobilier auparavant inexistant : ballons de gymnastique, pédaliers, balles de tennis sous les chaises, tables de camping, tipis… Au-delà de son impact sur l’apprentissage et l’épanouissement, cette méthode permet à l’enseignant, et aussi à l’élève, de s’approprier l’espace de la classe afin de s’y sentir plus à l’aise.

Sur les réseaux sociaux ou les blogs, de plus en plus d’enseignants de l’école publique revendiquent et partagent leur pratique de pédagogies dites alternatives dans leur classe, mais se confrontent au problème de l’architecture : ma classe est trop petite, pas assez lumineuse, la forme est inadaptée… Et de fait : les chercheurs conseillent une augmentation de la superficie moyenne des classes de 30% pour pouvoir y pratiquer des pédagogies actives de façon optimale. Cependant, on observe chez les enseignants et enseignantes ayant transformé l’aménagement de leur classe voire de leur école, une satisfaction et un épanouissement plus élevé.

La classe flexible est un outil parmi tant d’autres pour arriver à une pratique émancipée de l’espace scolaire, nous pouvons également citer les pratiques de co-conception de l’espace, le « Do It Yourself » ou les multiples inspirations venant de courants pédagogiques tels que Freinet, la pédagogie coopérative, Montessori, Steiner-Waldorf, Reggio, Sudbury, celles-ci pouvant se superposer pour s’enrichir !

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En 2017, j’ai entrepris la visite de nombreuses écoles et classes françaises, publiques et privées hors contrat, afin de mettre en valeur le travail d’enseignants et enseignantes français(es) et comprendre la façon dont elles et ils s’emparent de l’espace de leur classe afin qu’elle corresponde à leur pratique pédagogique. En 2018 est sorti le film « Les Fourmis, construire ensemble l’école de demain », rassemblant mes premières réflexions et rencontres autour de cette thématique. En 2019, fut publié aux Editions Philippe Duval mon livre « Rêver l’espace du tout-petit de demain », élargissant alors cette réflexion à la petite enfance.

Pour plus d’informations : http://projetlesfourmis.weebly.com/

février 17, 2020

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