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J’ai un élève TSA dans ma classe, je fais comment ?

Vous avez peut-être dans votre classe un élève distrait, souvent tête en l’air, qui peut s’endormir ou sembler être ailleurs. Ou au contraire un élève qui passe son temps la main en l’air pour participer et s’énerve quand il n’a pas eu la chance de pouvoir donner sa réponse, ou bien encore un autre élève qui passe sans cesse d’un état à l’autre…

Ils sont des garçons, des filles qui sortent du commun, qui interagissent de façon différente avec les adultes et avec leurs pairs. Des élèves qui, non seulement aiment passer du temps au CDI parce que c’est calme, mais qui en plus vont rechigner à travailler en duo ou pire encore en groupe parce que la présence de l’autre les dérange ou leur est juste insupportable. Tantôt incollable sur un sujet, il est alors difficile de les arrêter pour partager le temps de parole, tantôt pinailleur sur des détails qui peuvent vous sembler futiles mais vitaux pour eux.

Bien qu’il existe autant de profils TSA qu’il existe de personnes TSA, certains gestes pourront être utiles pour améliorer le bien-être de ces élèves atypiques et le vôtre, par la même occasion. Sans être formé spécifiquement à la prise en charge en classe des élèves TSA, il est tout à fait possible d’utiliser des outils non-coûteux pouvant vous changer la vie, au moins un peu !

Le premier outil et sans doute le plus utile à la différenciation en classe consiste à changer l’angle de vue porté sur cet élève/enfant. Plutôt que de l’envisager comme un problème auquel il faut à tout prix trouver une solution, on peut le voir comme un élément qui va nous permettre de faire évoluer nos pratiques, un élément enrichissant. Ce qui est bon pour un atypique le sera aussi pour d’autres élèves dans la classe. Quand des mots négatifs vous viennent à l’esprit, échangez-les contre des positifs. Non, il n’est pas pénible, il est juste soucieux du détail.

Ensuite, vous pouvez prendre le temps de vous asseoir à côté de cet élève au moins une fois par séance, pendant un court instant afin de lui demander s’il a compris la consigne de travail et d’évaluation, si sa place en classe lui convient (en rapport avec le bruit, la lumière, la luminosité, la présence des autres…), si elle a besoin de quelque chose, de sortir dans le couloir pendant 2 minutes pour s’aérer la tête et bouger son corps… Le contact individuel va l’aider à trouver sa place au sein de sa classe et à se sentir légitime au milieu des autres et dans le regard de l’adulte.

Il est important de savoir qu’un enfant TSA ne va pas comprendre les consignes comme un enfant neurotypique. Sa compréhension va être biaisée par ses difficultés à saisir l’implicite et le second degré. Un travail ordinaire peut se transformer en véritable labeur engendrant frustration, découragement et perte d’estime de soi, si la consigne n’a pas été explicitée en amont. Ces consignes doivent être claires, simples et surtout précises. La frustration peut vite tourner en crise ou à défaut en « mode off », il s’éteint… ou s’endort.

Aider un élève autiste, c’est valider avec lui qu’il a bien toutes les ressources nécessaires pour effectuer la tâche à accomplir. Un TSA, peu importe l’âge, restera bloqué sur un point qui peut sembler dérisoire à l’adulte ou à ses camarades de classe mais qui a un enjeu inimaginable pour lui jusqu’à l’empêcher d’avancer. Si le TSA exprime en boucle un besoin, quel qu’il soit, il est important d’accéder à sa demande afin qu’il puisse passer à la tâche suivante. Le fonctionnement de son cerveau est à envisager comme un programme informatique, une action puis une autre : si l’action n°1 n’est pas exécutée, il ne pourra pas exécuter la suivante. Leur capacité d’adaptation n’est pas très grande, ils doivent être guidés pour y arriver. Une personne porteuse de TSA n’a jamais pour ambition première d’agacer son interlocuteur. Ils sont obstinés, ce qui représente aussi une force.

Enfin, il est essentiel d’offrir à ces personnes hypersensibles des pauses sensorielles au fil de la journée en les autorisant à aller prendre l’air, marcher dans le couloir, sauter un cours pour aller au CDI par exemple, et ne pas trop s’inquiéter pour ce qui n’a pas été vu en classe : ils ont une fâcheuse tendance à approfondir leurs connaissances. Il est important de bien utiliser les outils numériques pédagogiques en y partageant des photos du tableau, des liens internet, les pdf du cours. Leur côté obstiné fait qu’une tâche inaccomplie doit l’être et ne pas être allé au bout des choses n’est jamais satisfaisants pour eux. Le bien-être gagné par ces pauses leur permettra de rentrer chez eux moins fatiguées et d’augmenter l’estime d’eux-mêmes. Une journée difficile à l’école affecte tout le système familial. Un enfant heureux de sortir de l’école parce qu’il a pu se poser un peu sera d’autant plus en capacité à faire son travail scolaire, ou même plus… Ils aiment tant aller jusqu’au bout de tout ce qu’ils entreprennent et apprennent.

Pour vous aider dans vos choix d’aménagement, vous pouvez utiliser le QADAPS en l’adaptant bien sûr au TSA. Et pour terminer, quelques dernières astuces : 

  • Pour ceux qui ont des particularités alimentaires et apportent leur déjeuner, il est important de penser aux petites attentions qui sont parfois données dans les cantines à l’approche des jours de fêtes.
  • Quand ils refusent le travail par deux ou en groupe, leur proposer de le faire seul ;
  • Éviter les évaluations répétitives et/ou surprise ; 
  • Capter leur attention avec des cours vivants et des changements de rythme ; 
  • Leur proposer des exposés qu’ils peuvent vous faire parvenir par mail ou ENT ; 
  • Les laisser feuilleter des livres en lien avec votre matière en classe ; 
  • Avoir un accès à un ordinateur ou une tablette pour faire des recherches complémentaires ; 
  • Les impliquer dans la préparation de projets de sorties pédagogiques ; 
  • Leur laisser des petites responsabilités au cour de la journée ; 
  • Proposer des horaires aménagés et/ou une scolarité hybride (école/cours à distance) ; 
  • Être créatif et communiquer avec eux pour évaluer ce dont ils ont besoin.

Et last but not least, investir dans un coussin d’équilibre / ergonomique est également un moyen de garder active l’attention de cet élève grâce au mouvement de son corps. N’oublions pas qu’une personne autiste a besoin de bouger son corps, d’en sentir les limites et d’être en éveil intellectuel pour se sentir bien.

MINI BIO

Marie Suraud est aujourd’hui enseignante et coach. Elle suit actuellement un DU en neuroéducation. Maman de 3 enfants atypiques, elle s’intéresse à tout ce qui tourne autour de la neurodiversité et du mieux vivre au quotidien. Munie de plusieurs Master 2, elle aime ajouter régulièrement des cordes à son arc.

Article tiré du magazine Innovation en Éducation

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